#1 Le petit manifeste du Prétotyping
Ou, comment puis-je commencer à tester mon idée en 24h et une poignée de billets ?

Nous avons tous eu un jour une idée, une idée révolutionnaire, une idée qui allait changer le monde, ou plus modestement, notre monde.
Seulement, très peu sont ceux qui ont réussi à transformer cette idée en réalité, et il y a de bonnes raisons à cela…
On pense trop
La première c’est que notre idée ne vit que dans notre tête, dans notre subjectivité et dans nos rêves. On passe chaque seconde de notre temps de réflexion disponible à imaginer ce à quoi l’idée pourrait ressembler, le super produit et toutes ses super fonctionnalités qu’il amènerait avec lui et à quel point tous nos clients l’aimeront et se l’arracherons…
Aussi agréable pour notre ego et divertissant que cela puisse être, le plus nous nous engageons dans cette boucle de réflexion infinie, le moins notre idée a de chance de naître ! Car cette boucle génère de la complexité et nous éloigne du moment où l’on confronte cette idée au monde extérieur et à la réalité du marché.
On cherche la complexité
C’est un problème qui survient plus vite qu’on le pense, il suffit d’une douche de dix minutes pour que notre simple idée de “traqueur d’habitude” se transforme en une fabuleuse application de dashboard de la vie de tous les jours avec le suivi de notre alimentation, de nos finances et de nos projets. Avec toutes les dernières fonctionnalités et intégrations que l’on peut imaginer.
Cela a vite dérapé, on est passé d’une petite fonctionnalité qui peut être mise en place en une nuit sur Excel par une personne, au service qu’une start-up de 150 employés et 50 Millions d’euros levés pourrait proposer…
Le problème, c’est qu’aujourd’hui on est seul dans nos pensées, aucun produit n’existe et personne ne connait notre idée. Le rapport d’échelle est complètement déséquilibré, notre premier challenge serait de maintenir notre idée la plus épurée possible, la réduire à son essence.

On monte un château de carte fait de suppositions
En plus de devoir lutter contre la complexité, la schizophrénie nous guette. Perdu entre fiction et réalité notre idée évolue dans un monde imaginaire construit sur des croyances et suppositions.
“Je suis sûr que les utilisateurs ont vraiment besoin de cette super fonctionnalité et paieront 35€ / mois pour y avoir accès.”, “Mon utilisateur cible qui a vraiment besoin de mon produit aime les koalas, porte des shorts à fleurs et boit du kombucha”.
Ces deux suppositions peuvent très bien être vraies, le seul problème c'est que pour le moment on n’en sait rien et on est en train de construire une idée sur ces fondations. C’est une façon de faire, mais d’un point de vue pragmatique et d’investissement, elle n’est pas fiable et présente un fort potentiel d’échec.
Comme au Black Jack, vous pouvez jouer au feeling et parier en suivant vos croyances et suppositions. Ou alors vous pouvez commencer à compter les cartes et ainsi maitriser un peu mieux les variables. On voit plus souvent les compteurs de cartes se faire sortir des casinos que les joueurs qui joues au feeling…
Notre idée n’est simplement pas la bonne
Bon d’accord, jusqu’ici j’étais assez pessimiste et peut-être que vous avez réussi à garder la tête sur les épaules et à construire une idée simple et raisonnable sur le moins de supposition possible. Cependant, il reste encore un obstacle majeur. Il y a de grande chance que cette idée ne soit tout simplement pas voulue du marché. Pas la bonne couleur, pas la bonne taille, pas le bon prix, pas la bonne cible, pas le bon moment… Tellement de paramètres, un seul suffit pour que tout aille mal.
Vous vous dites sans doute, “oui mais c’est une question de compétence et d’exécution !”. Et bien jetez un coup d’oeil à ceci, c’est le cimetière des applications, services et fonctionnalités que Google a enterrés, un vrai génocide. Mais Google est pourtant une entreprise compétente avec une connaissance et compréhension certaine du marché. Justement, cela ne suffit pas.
Une seule façon d’être sûr, tester !
Il n’y a pas d’autre solution, il faut sortir sa plus belle blouse blanche, enfiler ses gants et porter son masque fièrement (en plus c’est tendance) et commencer les expériences le plus vite possible !
Simplifier notre idée
Cela commence par maîtriser les variables et l’environnement. Il faut donc raffiner l’idée, la réduire à son essence la plus pure et extraire une première hypothèse. À cette hypothèse, on va y ajouter quelques éléments de contextes.
Cela pourrait donner quelque chose comme cela. “Au moins 20% des personnes qui cherchent à se reconvertir professionnellement seraient prêt à faire appel à un service pour négocier une rupture conventionnelle au prix de 1 000€”.
Ici notre idée à été exprimée simplement et insérée dans un élément de contexte. De plus, on a déjà des affirmations et des données que l’on va pouvoir utiliser pour tester et étalonner notre offre. Il nous reste juste à commencer.
Confronter notre idée au monde réel
Pour le moment, notre hypothèse n’existe que dans notre tête, ou au mieux, dans notre carnet préféré, cependant cela ne suffit pas, il faut la confronter au monde réel !
C’est le moment le plus excitant mais aussi le plus effrayant. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles beaucoup d’entre nous ne passent pas ce cap. L’idée même de voir notre idée rejetée par la dure réalité du marché nous donne des frissons dans le dos. On ferait tout pour ne pas avoir à sentir la douleur. L’espace imaginaire dans lequel on peaufine notre idée est bien plus attrayant et confortable.
Cependant, ce moment inconfortable n’a rien à voir avec la peine et la douleur qui nous attendent quand on se rend compte que notre idée n’est pas la bonne après 3 mois de développement, 8 000€ et toute notre énergie investie.
Alors serrons les dents et allons chercher de la donnée de terrain pour challenger nos hypothèses !
L’avis de nos amis et des gens dans la rue n’ont aucune valeur
“Ton idée est super ! C’est sûr que cela va fonctionner !”, ou “Oui, si votre service existait, je pendrais un abonnement, c’est sûr !”. Ah bon ?!
Certes cela vient du terrain, mais malheureusement cela ne vaut rien.
Il s’agit en réalité de données subjectives. Imaginer présenter votre idée à un investisseur en expliquant que les données qui appuient votre démarche viennent de votre colocataire ou de l’avis d’une poignée de personnes dans la rue. Ce serait un exploit de repartir avec 10€ !
Ce que l’on cherche, c’est de l’engagement. Une preuve que l’on tiens vraiment l’intérêt du marché. Un email, un nom, un prénom, c’est déjà un début (même si aujourd’hui on a tendance à donner ces informations à tout va…). Un numéro de téléphone et 20 minutes pour un entretien c’est déjà mieux. Une pré-commande ou bien une vente, alors là en terme d’engagement on a pas mieux !
Imaginez revenir voir votre investisseur préféré en lui disant que vous avez récolté 200 pré-commande pour votre super épluche patate à 75€ sur un échantillon de 1 000 personnes. Sa réaction risque d’être complètement différente.
N’attendez plus !
Vous l’aurez compris, le plus vite on commence à confronter notre idée au marché, le plus vite on peut récolter de la donnée qui nous permettra d’apporter les ajustements nécessaire pour rencontrer l’engagement voulu. Ou, on se rendra compte que notre idée n’a finalement aucune chance de succès, et ce n’est pas grave. L’important c’est de le savoir le plus tôt possible !
Cette méthode, c’est celle du Prétotyping. Elle diffère du Prototyping en intervenant bien en amont. Le Prototype permet de valider la faisabilité technique d’une idée. Le Prétotype, lui, permet de valider la pertinence même de l’idée !
Une question à garder en mantra:
Comment puis-je commencer à tester mon idée en 24h et une poignée de billets ?
Ce manifeste de Pretotype.fr est aussi la première newsletter d’une série autour du sujet de l’idéation, de l’entreprenariat et plus particulièrement du Pretotyping.
Dans les prochains numéros nous verrons plus en détail les concepts du Pretotyping, les méthodes et techniques que l’on peut mettre en oeuvre, mais aussi des cas concrets de Prétotypes.
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Cette newsletter est surtout faite pour vous ! Est ce que ce manifeste vous apporte toutes les réponses à vos questions ?
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Je suis Barthélémy de Mazenod, fondateur de Pretotype.fr